Aménagement Buffet de la Gare
23 janvier 2012

Un Waterloo à Austerlitz !

La démolition du Buffet de la gare au profit d’un projet essentiellement fonctionnel, commercial et spéculatif, enterre les espoirs de voir naitre dans le quartier Austerlitz une nouvelle urbanité à la faveur du réaménagement de la gare.

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Combattue depuis vingt ans par les associations et, dès sa création, par le conseil de quartier, la démolition du Buffet de la gare d’Austerlitz est désormais en cours. On aurait souhaité, au moins, que ce sacrifice profite à un aménagement novateur. Las, il ne fait que symboliser un Waterloo de l’urbanisme, sonnant le glas de tous les espoirs de voir se créer une dynamique d’urbanité et de convivialité entre la gare, la Seine et les anciens magasins généraux rebaptisés Docks en Seine.
Le projet d’aménagement de l’ensemble du secteur tel qu’il apparaît après l’accord conclu l’automne dernier entre la mairie de Paris, la SNCF et RFF au terme de négociations opaques confirme en effet toutes les craintes affichées dès juin 2007 par les associations et le conseil de quartier Austerlitz lors de la sélection de l’équipe AREP-Nouvel. Le vaste et séduisant espace vert promis entre la Salpêtrière et la gare est bien, malheureusement,
« infaisable dans les faits », tout comme le jardin dit « austral ». Le prestigieux « parvis sud » est réduit à sa plus simple expression, d’autant que la halle de la gare ne sera pas dégagée comme promis sur son flanc sud. La cour de l’embarcadère ne constituera en rien un pôle de convivialité. Pire, la Ville à décidé d’annuler son engagement de réserver aux piétons, transports en commun et circulations douces la voie de contournement Est de la gare, et le ballet des taxis initialement programmé en sous-sol comme à Montparnasse et, pour partie, à la gare de Lyon, constituera la principale « animation » de la « nouvelle » cour de l’embarcadère !
En lieu et place du bâtiment du Buffet qui, réaménagé, aurait pu constituer une charnière entre la gare et son environnement, les usagers d’Austerlitz auront droit à une cour resserrée et encaissée essentiellement dédiée aux taxis, et, en surplomb, à une esplanade vide de sens. Cerise sur le gâteau : détournant l’argument des associations qui ont mis en lumière l’absence de signal urbain de la gare, les aménageurs envisagent même d’y édifier une mini-tour de bureaux ou d’activités. La boucle serait bouclée d’un projet essentiellement fonctionnel, commercial et spéculatif, associant la fonction transport à une concentration de commerces en tournant le dos à toute préoccupation d’insertion urbaine.

(Article paru dans le magazine de la Semapa,
Treize Urbain, n° 10, février-mars 2012)


Bruneseau, auquel les bâtiments s’adaptent plutôt que d’imposer leur loi.

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GÉOLOCALISATIONS : abcsalles.commappy.com

4 décembre 2010

Extrait du compte-rendu du samedi de TamTam du 4 décembre 2010

Tout le monde déplore sa destruction programmée. Par répercussion, la cour de départ deviendra un espace froid, avec vue sur les voitures arrivant par l’avenue Mendès-France. Alors qu’il pourrait être envisagé un lien avec Docks en Seine et donner vie à cet espace plutôt mort actuellement. Mais, côté SNCF, la valorisation de l’espace foncier, avec création d’un centre commercial prévaut sur la convivialité du lieu, avec l'aval de la Ville. Des réunions devraient se tenir à ce sujet, mais la Ville ne donne aucune nouvelle.

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lundi 21 juin 2010

Recours gracieux


Association TAM-TAM

30, avenue des Gobelins, 75013 Paris
www.associationtamtam.fr
Fax : 01 43 37 12 79. Mèl : association.tamtam@laposte.net

Paris, le 21 juin 2010

Lettre recommandée avec A.R.


Objet : Recours gracieux visant le permis de démolir n° 075-113-09-P-0011, délivré le 13 avril 2010
(BMO du 4.5.2010) à M. Christian BREZET pour la SNCF, Gares & Connexions.
Monsieur Bertrand DELANOË
Maire de Paris
Hôtel de Ville
75196 Paris RP



Monsieur le Maire,

Nous avons l'honneur de former un recours gracieux à l'encontre du permis de démolir n° 075-113-09-P-0011, délivré le 13 avril 2010 (affiché début mai 2010, BMO du 4 mai 2010) à M. Christian BREZET pour la SNCF, Gares & Connexions et visant, dans le cadre du réaménagement de la Gare d’Austerlitz, à la démolition totale du restaurant de la gare d’un étage sur un niveau de sous-sol, connu comme le « Buffet de la gare ».

Ce projet de démolition est injustifié sur le fond tandis que, dans sa forme, il ne respecte pas les engagements de la Ville en matière de concertation.

Le Buffet de la Gare est défendu de longue date pour des raisons patrimoniales et fonctionnelles par les associations locales et par le conseil de quartier Austerlitz, qui a formulé un voeu pour sa conservation. Il constitue la clé de la préservation de la sérénité et de la convivialité de la cour départ de la Gare, autour de laquelle s’articulent des flux piétonniers toujours plus nombreux, liés aux relations Gare de Lyon/Gares d’Austerlitz, à l’aménagement de Docks en Seine et des berges du fleuve et à l’installation sur le quai d’Austerlitz et avenue Pierre Mendès-France d’un nombre croissant de salariés.

Bien qu’elle ait eu connaissance préalablement du projet AREP-Nouvel de réaménagement de la Gare d’Austerlitz, la Commission du Vieux Paris a émis le 3 juin 2009 un voeu demandant
« que la démolition totale ou partielle du corps de bâtiment abritant le buffet de la gare soit justifiée par un projet de qualité qui viendrait parachever l’aménagement du parvis de ce monument côté Seine ».

Symptomatiquement, après les amendements de l’AREP à son projet à l’automne 2009, la Commission du Vieux Paris a réitéré le 28 janvier 2010 son voeu du 3 juin 2009, précisant explicitement qu’
« elle a considéré que les documents présentés ne remplissaient pas cette attente » (BMO n°15, du 23 février 2010).

L’abandon, en 1995, du projet de traversée routière de la grande verrière de la Gare d’Austerlitz qui devait prolonger l’axe du pont Charles-de-Gaulle, construit 3 mètres au-dessus de la voirie originelle, suivi, après 2001, par la redéfinition par la Ville de Paris de l’avenue Pierre Mendès-France comme une voie privilégiant les circulations douces et les transports en commun, a vidé de son sens le projet de démolition du Buffet.

L’argumentation de l’aménageur selon laquelle la suppression du Buffet doit permettre au voyageur de voir les trains est par ailleurs peu crédible, puisque tous ses efforts ont jusqu’à présent tendu au contraire à couvrir les voies et les quais. Ceux-ci ne resteront partiellement visibles que grâce à l’intervention des associations, qui ont obtenu l’abandon de cette couverture dans le secteur Austerlitz au moment de
l’adoption du PLU de la ZAC Paris rive gauche en 2003. En outre le Buffet peut parfaitement être évidé pour laisser voir les trains, tout en constituant un interface piéton entre la cour et les quais aussi bien qu’entre des architectures ancienne et contemporaine, comme l’a notamment démontré, en 2009, l’étude Brès-Mariolle commanditée par les associations du Comité permanent de concertation de Paris rive
gauche.

La suppression du buffet impliquera, à terme, un net renforcement de l’exposition de la gare (un monument classé) et de ses usagers aux nuisances de la circulation automobile dans ce secteur (bruit, pollution), d’autant que l’AREP prévoit parallèlement une diminution de la superficie de la cour départ. Au-delà de la surface considérée, c’est la proximité et la hauteur de la voirie par rapport à la cour qui posent problème. Vue de la cour en « contre-plongée », les véhicules circulant sur l’avenue Pierre
Mendès-France, en pente et bombée, constitueront une agression visuelle et même un risque d’accident réel.

Il serait paradoxal que soit remis en cause, par le biais de la démolition du Buffet, les mécanismes de protection des abords de la Gare d’Austerlitz, alors que l’on vient au contraire d’étendre les zones piétonnes et les trottoirs, en limitant les nuisances automobiles, devant d’autres grandes gares parisiennes : Gare du Nord et Gare de Lyon en particulier.

Sur le plan formel, le permis de démolir du Buffet de la gare a été demandé et délivré sans jamais que les élus en charge du dossier n’en débattent, ni même n’informent de quelque manière que ce soit les associations et conseils de quartier membres du Comité permanent de concertation, et ceci au mépris des engagements antérieurs.

Le 27 avril, lors de l’ultime réunion du comité d’orientation de l’étude de définition qui a abouti à la sélection de l’équipe AREP, Jean-Pierre Caffet, alors adjoint au Maire de Paris en charge de l’urbanisme, a explicitement assuré que ce choix ne préjugeait pas de l’avenir du Buffet de la gare, qui ferait l’objet de discussions et de décisions spécifiques.

En septembre 2009, plus de deux ans après la sélection de l’équipe AREP, le Maire du XIIIe arrondissement, Jérôme Coumet, confirmait publiquement, à propos du Buffet de la gare, que
« rien n’est encore tranché » (Le Parisien du 10.9.2009).

Enfin, alors que la Charte parisienne de la participation adoptée en décembre 2009 par le Conseil de Paris stipule (cinquième « clef »), que
« afin de permettre à tous les Parisiens de s’approprier les Grands projets municipaux, la Ville s’engage à organiser des présentations pédagogiques, claires, complètes et accessibles de chacun de ses Grands projets », aucune réunion publique n’a jamais été organisée pour
présenter le projet AREP, et a fortiori le projet de démolition du Buffet, malgré les demandes répétées des associations depuis trois ans.

Pour ces raisons, l’acte de délivrance du permis de démolir n° 075-113-09-P-0011 nous apparaît au minimum prématuré, et sur le fond injustifié. Nous vous demandons, Monsieur le Maire, de bien vouloir l’annuler.

Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Maire, l'expression de nos salutations respectueuses.


Pour le Bureau de l'Association TAM-TAM, le président,


Fabrice PIAULT


Copies :
– Monsieur Christian BREZET, SNCF Gares & Connexions
– Monsieur le Préfet de Paris, Direction de l'urbanisme, du logement et de la construction, Sous-Direction
de l'urbanisme et de la construction, Bureau de la construction
– Monsieur Denis CAILLET, Direction de l'urbanisme de la Ville de Paris, Sous-direction du permis de
construire et du paysage de la rue.


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lundi 7 septembre 2009
Réaménagement de la Gare d’Austerlitz

Une étude commandée par la Coordination des associations et conseils de quartiers de Paris rive gauche crédibilise la préservation du Buffet de la Gare. Des propositions d'aménagement fortes dont les signataires de ce texte souhaitent en faire un large écho.

Depuis 2004, la Ville de Paris et la SNCF réfléchissent au réaménagement des espaces intérieurs et extérieurs de la Gare d’Austerlitz.

L’opération Austerlitz-Gare

L’objectif de l’opération Austerlitz-Gare est de
préparer l’arrivée des TGV et de leurs 40 millions de passagers annuels à l’horizon 2020 et de réorganiser la gare en pôle d’échange entre les différents modes de transports qui s’y trouvent déjà mais s’articulant mal entre eux. Il s’agit également de créer un véritable quartier de gare accueillant différents programmes (hôtel, centre d’affaires, bureaux, commerces, services SNCF et logements) et bien inséré dan son environnement urbain.

L’opération concerne le confort des milliers de voyageurs de la Gare mais aussi la qualité des espaces publics et des services offerts aux riverains du quartier et l’agrément de tous les parisiens qui fréquentent ses environs (Jardin des plantes, Berges de la Seine, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière …). Le réaménagement de la Cour des départs (ou de Seine), au nord de la gare est emblématique de ces enjeux.

Or,
le projet de l’équipe AREP / Jean Nouvel retenu en mai 2007 dédie principalement cet espace à la dépose et à la prise en charge taxi des voyageurs TGV par les véhicules particuliers et les taxis ainsi qu’au stockage de ces derniers. Pour rendre à la gare visibilité et lisibilité de sa composition architecturale et l’insérer dans son environnement urbain, il prévoit la démolition complète du bâtiment du Buffet de la Gare et son remplacement par un auvent de verre abritant un axe de circulation Nord-Sud transversal.

Une étude complémentaire pour le maintien du Buffet de la Gare

Au sein du Comité permanent de concertation de Paris rive gauche, une large majorité d'associations et parmi elles, celles engagées de longue date dans la réflexion sur le maintien de ce bâtiment, et les 3 Conseils de quartiers ont collectivement souhaité qu’une étude complémentaire soit réalisée prenant son maintien pour hypothèse de base du réaménagement de la Cour de Seine.

Rendue en mai 2009, l’étude réalisée par le cabinet Brès+Mariolle souligne la complexité de cette partie de la gare. Elle prouve que
la préservation du bâtiment est non seulement possible mais souhaitable pour le confort des utilisateurs de la gare et l’agrément du passant, moyennant son réaménagement et son affectation à de nouvelles fonctions.

Deux scénarios de reconversion du Buffet de la Gare sont explorés : dans le premier,
le bâtiment accueille une galerie (la Galerie de Seine) qui canalise et distribue les flux piétons dans la gare. Dans le second, un hall de verre est surmonté d’un campanile qui signale la gare de loin et polarise les cheminements en provenance de la gare de Lyon ou du quartier Paris rive gauche.

Ces deux scénarios proposent des réponses crédibles à la résolution des conflits entre les différents usagers de l’espace public (piétons, vélos, autos, bus) au carrefour du pont Charles de Gaulle/avenue Pierre Mendès-France/quai d’Austerlitz.

Un bâtiment historique pour répondre à trois enjeux majeurs

L’étude Brès+Mariolle souligne trois enjeux majeurs du réaménagement de la gare pour lesquels la préservation du bâtiment du Buffet et sa réhabilitation par un traitement fonctionnel et architectural adéquat constituent une réponse.

Tout d’abord, elle permettrait d’améliorer l’articulation entre la ville haute contemporaine et la ville basse historique en ménageant une architecture humaine, chaleureuse et signifiante sans interdire de la revisiter pour lui faire remplir de nouvelles fonctions. La Cour des départs continuerait à constituer un ensemble architectural bâti de grand intérêt en bord de Seine tout en améliorant la qualité d’insertion urbaine du pôle de transports multimodal de la gare au bénéfice des piétons, appelés à devenir toujours plus nombreux à utiliser les accès nord de la gare avec les nouvelles constructions de bureaux prévues avenue Pierre Mendès-France.

Ensuite, au débouché du pont Charles-de-Gaulle, elle permettrait de mieux signaler la gare d’Austerlitz aux très nombreux piétons en provenance du pont Charles de Gaulle (Gare de Lyon) comme du quai d’Austerlitz (Docks en Seine) ou des bureaux de l’avenue Pierre Mendès-France (ZAC PRG), d’améliorer la visibilité et de valoriser et d’optimiser le fonctionnement du pôle d’échange multimodal de transport et le pôle commercial qu’elle constitue et d’en développer la convivialité. Ainsi protégée par le bâtiment du Buffet, la Cour de Seine pourrait figurer un espace public urbain dédié en priorité au piéton.

Enfin, elle permet à la Gare d’Austerlitz de retrouver son orientation originelle vers la Seine et de l’articuler à ses rives désormais accessibles et destinées à remplir de nouvelles fonctions urbaines (transport et déplacements avec Voguéo et Vélib’ ; loisirs et détente avec la promenade sur berges ; loisirs et culture avec Docks en Seine). Elle l’intègre ainsi à la trame des espaces verts qui se dessinerait ainsi depuis la Cour de Seine jusqu’au Jardin Tino-Rossi et au Jardin des Plantes.

Piétonniser la Cour de Seine, préserver et reconvertir le Buffet de la Gare

Pour ces raisons,
les signataires – et plus largement l'ensemble des associations et Conseils de quartiers (voir note de réception de l'étude) – souhaitent que ces trois axes (réhabilitation/réutilisation de la quasi-totalité du Buffet comme ciment de la cohérence du site, piétonisation de la cour Seine, articulation de la gare à la Seine ) fixent le cadre de l’aménagement du secteur de la Cour de Seine. Ceci suppose que les aires de dépose-minute pour véhicule particuliers et de dépose et prise en charge taxis soient aménagés en sous-sol et que la Cour de Seine fasse l’objet d’un aménagement destiné au piéton. L’équipe AREP/ Jean Nouvel doit engager de manière concertée des travaux permettant d’intégrer le scénario de l’étude complémentaire Brès+Mariolle à la définition définitive de l’aménagement du flanc nord de la gare.

Les signataires

ADA 13 (Association pour le Développement et l'Aménagement du 13e arrdt), APARIS 13, APLD91 (Association Pour Le Développement du 91, Quai de la Gare ), AUT 13 (Association des Usagers des Transports du 13ème arrondissement), Cercle Amical du Berry, SPPEF (Société pour la Protection des paysages et de l’Esthétique de la France ) et TAM-TAM.

PJ : Note de réception de l’étude Brès+Mariolle (Coordination des associations et conseils de quartier).

Les documents suivants peuvent être demandés ici :
Bureau des Associations du Comité Permanent de Concertation de pris Rive Gauche
Contact : Yann RENAUD – Tél. : 01 78 11 15 82

  • Plaquette de présentation du Comité permanent de concertation de Paris rive gauche,
  • Marché de définition Austerlitz-Gare (SNCF/Ville de Paris/SEMAPA),
  • Projet Austerlitz-Gare (AREP/ Jean Nouvel),
  • Mémoire suite au marché de définition (Coordination des associations et Conseils de quartier),
  • Cahier des charges pour une étude alternative (Coordination des associations et Conseils de quartier),
  • Compléments au cahier des charges (Ville de Paris/DU/SEMAPA),
  • Étude complémentaire pour l'aménagement de la Cour de Seine (Cabinet Brès+Mariolle).

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mercredi 20 mai 2009
Note de réception de l’étude complémentaire sur le réaménagement du secteur Austerlitz-Gare, intégrant l’hypothèse d’une conservation du bâtiment du Buffet de la gare

1. Le rappel des faits
Dans un Mémoire adressé à la Ville de Paris le 5 juin 2007, les associations et Conseils de quartier membres du Comité permanent de concertation de Paris rive gauche avaient fait part de leurs observations, critiques et interrogations sur le projet de l’équipe AREP/Ateliers Jean Nouvel pour le réaménagement du secteur Austerlitz-Gare, choisi en mai 2007 par la SNCF et la Ville de Paris. Ils avaient demandé la réalisation d’une étude alternative sur l’aménagement du secteur de la cour de l’embarcadère et de son environnement immédiat, intégrant l’hypothèse d’une conservation et d’une réhabilitation du Buffet de la Gare, et ont obtenu pour cela un accord de la Ville le 18 février 2009. L’étude a été confiée fin mars par la coordination au cabinet Brès+Mariolle, qui a travaillé en étroite collaboration avec elle, et lui a présenté les résultats de son travail mercredi 20 mai 2009.

2. Bilan général de l’étude
2.1. Tout en déplorant les délais trop serrés imposés par la Ville, et les obstacles posés à une conception participative de l’étude, associant les riverains et les usagers de la gare, la coordination des associations et Conseils de quartier se félicite de la qualité du travail réalisé, qui répond parfaitement à l’ensemble des objectifs posés dans le cahier des charges. Ils soulignent que l’hypothèse radicale de conservation du bâtiment du Buffet de la gare a permis de mettre en lumière des défis cruciaux de l’aménagement que le projet AREP/AJN n’a pas pris en compte et de proposer des solutions qui permettent de les relever et d’améliorer le projet en se situant dans sa logique d’ensemble, qui n’est pas remise en cause. L’étude Brès+Mariolle complète ainsi utilement la réflexion impulsée par la Ville et la SNCF et développe une stratégie qui répond aux interrogations qui subsistaient à l’issue de l’étude de définition sur l’aménagement du flanc nord de la gare.

2.2. L’étude Brès+Mariolle confirme
l’enjeu de la conservation et de la réhabilitation du
bâtiment du Buffet de la gare d’Austerlitz
pour répondre à trois objectifs majeurs de
l’aménagement de la gare :

  • l’articulation de la gare avec les berges de la Seine,
  • la priorité de la qualité de l’accueil des piétons côté Seine, au débouché du pont Charles-de-Gaulle et à un point nodal de la relation entre ville historique et ville contemporaine,
  • la cohérence du lieu côté Seine, et son orientation vers le fleuve, ses équipements et ses aménagements.

3. Trois grands axes

3.1. L’étude Brès+Mariolle fait clairement apparaître le
très fort potentiel de la Cour de
l’embarcadère à figurer un espace public urbain dédié en priorité au piéton dans ses
diverses occurrences
. Elle renoue et valide ainsi l’esprit initial du projet AREP/AJN qui
assumait le potentiel d’urbanité de cette cour, alors que la dernière version du projet concentre sur l’ensemble de son périmètre des fonctions peu conviviales (dépose-minute VP ; dépose, prise en charge et stockage taxis).

L’étude alternative montre comment la préservation et un traitement fonctionnel et
architectural adéquat du bâtiment du Buffet de la Gare permettront de mieux signaler la gare d’Austerlitz aux très nombreux piétons en provenance du pont Charles de Gaulle (Gare de Lyon) comme du quai d’Austerlitz (Docks en Seine) ou des bureaux de l’avenue Pierre Mendès-France (ZAC PRG), et de valoriser le pôle de transport et le pôle commercial qu’elle constitue. Elle met en lumière les moyens d’améliorer la visibilité et d’optimiser le fonctionnement du pôle d’échange multimodal (TGV, trains grande ligne, RER C, TER, Métro, Voguéo, Bus, Velib, circulations piétonnes) et d’en développer la convivialité (aménagement paysager de la cour, Buffet avec terrasses extérieures orientées sud-ouest, liaisons facilitées avec les berges de la Seine).

3.2. L’étude montre également comment
la préservation et la réhabilitation du bâtiment du Buffet permettra d’améliorer l’articulation entre la ville haute contemporaine et la ville basse historique en ménageant une architecture humaine, chaleureuse et signifiante sans interdire de la revisiter pour lui faire remplir de nouvelles fonctions. La Cour des départs continuerait à constituer un ensemble architectural bâti de grand intérêt en bord de Seine tout en améliorant la qualité d’insertion urbaine du pôle de transports multimodal de la gare au bénéfice des piétons, appelés à devenir toujours plus nombreux à utiliser les accès nord de la gare avec les nouvelles constructions de bureaux prévues avenue Pierre Mendès-France.

3.3. Enfin, l’étude complémentaire souligne à quel point
le réaménagement de la Cour des départs peut permettre de retrouver son orientation originelle vers la Seine dont les rives désormais accessibles sont destinées à remplir de nouvelles fonctions urbaines (transport et déplacements avec Voguéo et Vélib’ ; loisirs et détente avec la promenade sur berges ; loisirs et culture avec Docks en Seine). Elle l’intègre à la trame des espaces verts qui se dessinerait ainsi depuis la Cour des Départs jusqu’au Jardin Tino-Rossi et au Jardin des Plantes.

4. Des scénarios crédibles

4.1. Les scénarios explorés par l’étude figurent
des réponses crédibles au traitement des
dénivelés caractéristiques de ce secteur et aux contraintes génératrices de conflits ou de
malaise entre les différents usagers de l’espace public (piétons, vélos, autos, bus), notamment au carrefour pont Charles de Gaulle/avenue Pierre Mendès-France/quai d’Austerlitz). Ils s’articulent parfaitement avec l’axe piéton nord-sud tracé à travers la grande halle de la gare ainsi qu’avec la grande salle d’échange prévue dans cette dernière.

4.2. Toutefois, au vu d’un examen des deux options stratégiques envisagées, qui incluent d’ailleurs des propositions qui pourraient fonctionner également dans les deux cas, la coordination des associations* considère que
le scénario A est celui qui répond le plus complètement et de la manière la plus cohérente aux objectifs d’urbanité et aux axes mis en lumière dans la première phase de l’étude.

4.3. La coordination souligne que, traité correctement, le bâtiment du Buffet de la gare peut :
  • faciliter, polariser et canaliser les flux piétons entre la gare d’Austerlitz, la gare de Lyon et l’avenue Pierre-Mendès-France et, dans la gare, vers les différents modes de transport et la Cour de Seine,
  • étendre les surfaces commerciales, de loisir et de détente (café, mini-buffet, terrasse) de la gare,
  • souligner le rapport et faciliter les liaisons entre la gare et la Seine, conformément à la vocation initiale de la Cour de l’embarcadère,
  • améliorer la visibilité de la gare dans son environnement urbain,
  • résoudre les conflits de flux piétons / trafic automobile au carrefour avenue Pierre-Mendès-France/pont Charles de Gaulle/quai d’Austerlitz,
  • assurer la transition physique et architecturale entre la ville haute contemporaine et la ville basse historique en soulignant, le cas échéant, l’entrée dans la ZAC PRG,
  • constituer un espace public paysager, dédié aux piétons et au voyageur, à l’abri des flux automobiles.

5. Implications

La coordination des associations(1) demande :
  • que les trois axes issus de la première phase de l’étude Brès+Mariolle (piétonnisation de la cour Seine, articulation de la gare à la Seine, réhabilitation/réutilisation de la quasi-totalité du Buffet comme ciment de la cohérence du site) fixent le cadre de l’aménagement du secteur de la cour de l’embarcadère,
  • qu’AREP/AJN engage de manière concertée des travaux permettant d’intégrer le scénario A de l’étude Brès+Mariolle à la définition définitive de l’aménagement du flanc nord de la gare,
  • que les aires de dépose-minute pour véhicule particuliers et de dépose et prise en charge taxis soient bien aménagés en sous-sol, et que la cour de l’embarcadère fasse l’objet d’un aménagement destiné au piéton comme prévu dans le projet AREP/AJN tel qu’il était issu de l’étude de définition.

La coordination des associations et Conseils de quartier membres du Comité permanent de concertation Paris rive gauche.

(1) Lors de la présentation de l’étude complémentaire à la coordination des associations et Conseils de quartier membres du CPC PRG, les représentants des Conseils de quartier ont partagé le sentiment général des associations et leur appréciation globale de l’étude mais n’ont pu, sans consultation préalable de leur Conseil de quartier respectif, prendre position sur l’un ou l’autre des scénarios qu’elle propose, ni sur la conservation ou non du bâtiment du Buffet de la gare. Pour l’Amicale des Locataires Fulton-Bellièvre-Flamand (non associée à la demande de l’étude) le résultat de ces travaux « pourrait être une proposition acceptable et peut-être faisable à moindre coût ».

Étude complémentaire Austerlitz-Gare - Note de réception

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février 2007
Le point sur les menaces
concernant le Buffet de la Gare d’Austerlitz

Le rappel des faits
• À la suite de l’étude de définition sur l’aménagement à long terme de la gare d’Austerlitz menée en 2006 par quatre équipes concurrentes pour le compte de l’aménageur de Paris rive gauche (Ville, Semapa) et de la SNCF, un parti d’aménagement de la gare d’Austerlitz sera arrêté en avril 2007. La Ville décidera dans la foulée de l’avenir du Buffet de la gare : conservation, amputation ou destruction.
Le conseil de quartier Austerlitz et la majorité des associations au Comité permanent de concertation de Paris rive gauche se sont prononcés pour la conservation et la réhabilitation du Buffet de la gare.

Les enjeux
La destruction du Buffet provoquerait une augmentation des nuisances automobiles pour la gare et ses usagers. Elle empêcherait de faire de la cour départ de la gare un pôle de convivialité au bénéfice des voyageurs qui y convergent, dont certains en provenance de la gare de Lyon.
L’association TAM-TAM défend le Buffet sur le plan patrimonial (il forme un ensemble avec la halle et le bâtiment de l’embarcadère de la gare, et constitue le pendant d’un bâtiment analogue au sud de la halle), sur le plan urbain (son activité et sa terrasse en font le seul espace convivial de ce secteur) et sur le plan social (110 salariés).
La destruction du bâtiment et de l’activité du Buffet serait contradictoire avec l’orientation affichée par la Ville : requalification de l’avenue de France comme un « boulevard civilisé », priorité aux circulations douces et réduction de la circulation automobile dans Paris.
Parallèlement, TAM-TAM se réjouit d’avoir obtenu que soit réservé sur le quai d’Austerlitz un espace pour une petite infrastructure portuaire (batobus et petit fret) en liaison avec la gare. L’association souhaite que se développe une large réflexion sur les conditions de son installation.

Nos initiatives
L’association TAM-TAM entend mener dans les mois qui viennent, avec tous ceux qui le souhaitent, une large campagne pour la conservation intégrale du Buffet et de ses activités et le développement d’une conception conviviale de la gare et de son environnement qui va bénéficier du réaménagement des magasins généraux et doit pouvoir profiter d’un site privilégié en bord de Seine.

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mars 2006
“Sauvons le Buffet de la Gare !”

Alors que se prépare une réorganisation de l’ensemble de la gare d’Austerlitz, le Buffet de la gare est à nouveau menacé. Or non seulement il participe de l’ensemble patrimonial de la gare, mais il est aussi la clé d’un développement convivial du quartier.

Pendant quelques années, l’étau s’était desserré. Mais, en ce début d’année 2006, le Buffet de la gare d’Austerlitz est à nouveau dans le collimateur des aménageurs de Paris rive gauche. Dans ce secteur de la ZAC, le tracé de l’avenue Pierre Mendès-France, de même que la position de la parcelle désormais occupée par les bureaux de la Caisse des dépôts ont été dessinés avec la claire perspective de faire « sauter » le Buffet. Aujourd’hui, la Ville prend prétexte de la prochaine suppression de la voie sur berge, sous les Magasins généraux, et du report de circulation qu’elle entraînerait sur le quai haut pour tenter de faire accepter aux partenaires du Comité permanent de concertation une amputation du Buffet.
Comme nous l’avons maintes fois fermement déclaré, nous ne l’accepterons pas. Pourquoi ce bâtiment devait-il payer pour les nombreuses erreurs stratégiques commises au fil des ans dans ce quartier Austerlitz qu’on a voulu, dans les années quatre-vingt dix, transformer en un gigantesque échangeur routier ? D’autres solutions existent, qui s’inscrivent pleinement dans la stratégie de la municipalité de réduire dans Paris une circulation automobile qui a d’ailleurs déjà baissé de quelque 13 % en quatre ans.

120 emplois
Le Buffet participe de l’ensemble patrimonial de la gare. Sur ce plan, il dispose d’atouts architecturaux propres, qu’il importe de valoriser dans un secteur où la part des constructions neuves sera largement majoritaire. Les bâtiments anciens remarquables sont à la fois les témoins d’une histoire et des moyens d’apporter au nouveau quartier un supplément d’âme. Le Buffet constitue aussi une protection des autres éléments notables du périmètre patrimonial de la gare : grande halle et façade de l’embarcadère, viaduc du métro, anciennes écuries… Dans l’hypothèse d’une destruction du Buffet, ceux-ci se retrouveraient en première ligne face à une circulation automobile renforcée et une cour départ réduite par la création d’une nouvelle voie de circulation.
La conservation du Buffet est aussi la clé d’un développement convivial de ce quartier. Il ne s’agit en effet pas seulement de préserver un bâtiment, mais aussi de garantir la pérennité de son activité (près de 120 emplois), autour de laquelle l’ensemble de la cour départ doit être réaménagé dans un esprit de convivialité. Cette démarche permettra de mettre le réaménagement de la Gare d’Austerlitz en cohérence avec les autres aménagements déjà décidés dans son environnement immédiat, en particulier la réhabilitation des magasins généraux, qui doivent accueillir d’ici quelques années un pôle de détente et de commerces, et la conception de l’avenue Pierre Mendès-France comme « boulevard civilisé » plutôt que comme axe de transit.
Le Buffet est une étape essentielle pour les milliers de piétons qui parcourent chaque jour les quelques centaines de mètres qui séparent la gare de Lyon de la gare d’Austerlitz. Avec la cour départ qu’il protège, il doit être pris en compte dans la stratégie de réaménagement de la gare comme l’élément majeur d’une conception apaisée de l’usage de la gare comme de la vie du quartier.

Maîtriser la circulation automobile
Contrairement à ce que l’on tente de nous faire croire, la destruction du Buffet, refusée par la quasi totalité des associations locales comme par le Conseil de quartier Austerlitz, n’a rien d’irrémédiable. Encore faut-il que la conservation du buffet soit bien placée au cœur de la stratégie d’aménagement de ce secteur avec une conception conviviale des abords de la gare d’Austerlitz. Jusqu’à présent, toutes les études réalisées par la Ville dans le secteur de la gare, déjà saturé en automobiles, ont été conduites avec le présupposé que le volume de circulation devrait y rester identique ou quasi identique à moyen comme à long terme. Nous demandons au contraire que, en cohérence avec la politique menée partout à Paris avec la perspective d’une diminution et d’une maîtrise de la circulation automobile dans la capitale comme dans l’ensemble de la région parisienne, l’aménagement du secteur Austerlitz soit conçu en privilégiant les circulations douces et les transports en commun. Il importe certes d’organiser les accès automobiles à la gare comme de permettre la circulation aisée sur les quais et sur les ponts des véhicules qui ont besoin d’emprunter ces axes. Il n’y a aucune raison en revanche de faciliter ici une circulation quotidienne de transit que la municipalité cherche à réduire partout ailleurs dans Paris. Le quai d’Austerlitz ne doit pas être transformé en autoroute comme l’a été le quai rive droite.

[Tribune parue dans Paris rive gauche magazine en mars 2006]

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